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SongPlanet |
Derniers accords de Déchirés
Lucky : C'était Didier et les Ombres, avec le morceau Déchirés. Il est en exclusivité pour une avant-première mondiale ce soir. J'attends son appel, il devrait appeler d'ici 60 secondes.
Sonnerie de téléphone
Lucky : Le voilà. Super, ça a marché !
Bonsoir, tu es en direct sur le Fokker fone de la radio SongPlanet. Qui est à l'appareil ?
Didier : Bonsoir Lucky, Didier à l'appareil.
Lucky : Bonsoir Didier. Dis bonsoir aux auditeurs de SongPlanet, ils sont à l'écoute.
Didier : Bonsoir à tous. Je suis Didier, et j'appelle depuis la France.
Lucky : Tu appelles depuis Lyon, France, c'est ça ?
Didier : C'est bien ça.
Lucky : Est-ce que j'ai prononcé correctement ?
Didier : Pas mal. C'est Lyon, pas lail-on, mais c'était presque ça.
Lucky : C'est génial de parler avec toi, Didier.
Didier : Oui, pour moi aussi.
Lucky : Je suis un fan de ta musique depuis que Ricky Moore, bien sûr, m'a parlé de toi. Ricky me fait découvrir beaucoup de bons groupes, et d'excellents musiciens, et tu es l'un d'entre eux.
Didier : Le soutien de Ricky aux musiciens indépendants est vraiment remarquable.
Lucky : Oui, c'est vrai. Revenons à Didier, maintenant.
Il est 3 heures du matin, chez toi, n'est-ce pas ?
Didier : Oui.
Lucky : Je ne sais pas combien de temps tu désires parler. Tu as tout ton temps, pour parler de ta musique.
Didier : Aussi longtemps que tu le souhaites.
Lucky : Nous avons déjà passé un de tes morceaux. Parlons un peu de celui-là. Dis-moi le titre, en anglais et en français.
Didier : En français c'est Déchirés, et en anglais ça serait Torn.
Lucky : C'est un morceau plutôt rock. J'ai lu les paroles, donc je sais un peu de quoi il parle.
C'est intéressant quand des artistes chantent dans leur langue maternelle. Je peux quand même ressentir ce dont parle un morceau. Juste à la façon dont quelqu'un chante, son phrasé, on peut dire si c'est une chanson d'amour, un point de vue personnel, une chanson engagée ou une histoire. Tu as la même impression en écoutant la musique d'autres artistes ?
Didier : Oui. Bien sûr, ça dépend du type de chanteur. Certains utilisent plus leur voix comme un instrument. Mais il est vrai que, pour beaucoup de chanteurs, on peut ressentir ce qu'ils qu'expriment en fonction du phrasé ou de la façon de chanter.
Lucky : Revenons à Déchirés. Parle-moi de ce morceau.
Didier : C'est une chanson à plusieurs niveaux. Le premier niveau, le plus immédiat, parle de comment on peut abandonner ce en quoi on croit. Les premières phrases disent Déchirés nos uniformes, et brûlés tous nos drapeaux. Ce premier niveau est lié au mouvement punk, vers 1977, et comment les acteurs de cette époque sont devenus des managers, des employés, sont rentrés dans le rang et ont oublié leurs motivations initiales.
Lucky : C'est intéressant. Il y a une traduction anglaise sur ton site, ici à SongPlanet. Les paroles ont un contexte militaire, n'est-ce pas ? Uniformes, drapeaux, barricades...
Didier : C'est vrai.
Lucky : Comment est-ce, chez toi ? Est-ce que Lyon est une grande ville ?
Didier : Lyon est la deuxième ville de France. Ce qui n'en fait pas une très grande ville comparé aux Etats-Unis. Environ un million d'habitants.
Lucky : Comment vois-tu la scène musicale ?
Didier : Pas très active, en ce moment.
Mais, aux début des années 80, Lyon était appelé la capitale du rock français. Presque tous les « grands » groupes (le mot est un peu fort) punks étaient à Lyon aux environs de la fin des années 70, début des années 80. C'est le contexte d'un morceau comme Déchirés. Comment j'ai débuté dans cette ambiance lorsque j'avais 16 ans.
Lucky : Tu as donc fait de la musique depuis pas mal de temps, non ?
Didier : Oui.
Rires
Lucky : Parles-moi un peu de ton parcours musical, d'accord ?
Didier : J'ai commence à jouer du piano à 4 ans. Une formation de musique classique. J'ai plus ou moins laissé tomber vers les 12 ans. Puis, à 15 ans, j'ai commencé à écouter du rock. D'abord Eddie Cochran, ce genre de musique. Quelques mois plus tard, j'ai découvert la musique punk. Je me souviens que le premier morceau punk « moderne » que j'ai écouté était le premier 45 tours des Damned. Help, leur reprise des Beatles.
Lucky : Vraiment ?
Didier : Oui. Et, bien sûr, j'ai voulu être dans un groupe. Nous avons donc créé un groupe. J'étais pianiste, il y avait un batteur et un bassiste. Mais nous avons découvert, bien sûr, qu'il n'était pas possible de déplacer le piano. Comme nous nous étions déjà engagé à faire un concert dans un lycée, j'ai appris la guitare, en trois mois, pour le premier concert. J'avais 16 ans, et c'est de cette façon que j'ai embrassé la « carrière musicale ».
Lucky : Ca fait un petit moment, non ?
Didier : Oui. Le groupe avait pas mal de succès, localement. Malheureusement nous n'avons jamais enregistré un « vrai » disque, seulement des démos. Le groupe commençait néanmoins à marcher pas mal, avec notamment la première partie d'Undertones, le groupe irlandais. Après cette première partie, il y avait même une tournée régionale prévue. Puis le batteur a quitté le groupe, et nous n'avons pas pu le remplacer rapidement.
Il y a donc eu une période durant laquelle je n'avais pas vraiment de groupe. Je continuais quand même la musique, bien sûr. Jusqu'au moment où, grâce à la « technologie », j'ai découvert que je pouvais faire de la musique seul. C'est de cette façon que j'ai commencé Didier et les Ombres, avec seulement une boîte à rythme et une Bassline. Tu sais, celle qui est maintenant très populaire dans la Techno.
Lucky : Un point particulier dans ce que tu nous dis : tu fais toute cette musique tout seul, maintenant ?
Didier : C'est un « one man band », selon l'expression courante. Mais j'utilise un nom de groupe parce que, au delà de la technologie, c'est toujours le même noyau depuis mes débuts. Un groupe très simple, un trio : guitare, basse et batterie. J'utilise un nom de groupe aussi parce qu'il ne s'agit pas seulement d'un projet Internet, comme on en voit beaucoup de nos jours. Je joue aussi sur scène.
Lucky : Comment fais-tu pour jouer en direct ?
Didier : J'ai des machines, connectées à un ordinateur. C'est plus interactif que si j'étais accompagné par une simple bande son, parce que je peux agir interactivement : démarrer, arrêter, faire boucler des parties d'un morceau.
Lucky : Est-ce que la technologie n'est pas merveilleuse ?
Didier : Oui, mais c'est aussi très, très intense d'être tout seul sur une scène de cette façon.
Lucky : Je comprends, ça te mets complètement à nu. Je ne l'ai jamais vraiment fait. J'ai joué seul sur une scène, en acoustique, mais pas, comme tu le décris, avec une rythmique complète, et ce genre de choses.
Didier : Ce qui est terrible, avec les Ombres, c'est qu'ils ne commettent jamais d'erreur.
Lucky : Et Didier ?
Didier : Bien sûr que si !
Rires
C'est assez étrange au bout d'un moment, quand on est vraiment en direct et que parfois on oublie presque qu'on est seul. Parfois, je suis presque sûr que le groupe joue trop rapidement, ou trop lentement, ce genre de choses.
Lucky : Ce que tu dis, en fait, c'est que tu sens des pulsations. Tu peux sentir que la musique est vivante, même si elle est pré-enregistrée.
Didier : Oui. Quand je suis vraiment plongé dans une répétition, pas lorsque je compose, mais une répétition en direct ou sur scène, je ne ressens pas du tout la musique comme étant pré-enregistrée, mais vraiment comme un événement en direct.
Lucky : Parlons de ce nouveau morceau.
Didier : C'est un morceau que je n'avais jamais enregistré mais, historiquement, c'est un des premiers morceaux de Didier et les Ombres, pour le premier concert seul. Et j'avais vraiment le sentiment que ce morceau manquait, parmi ceux qui sont disponibles sur Internet. Ce morceau est plus prêt de mes racines. Certains de mes morceaux sont plus « Folk » ou plus « calmes » ou plus « élaborés » musicalement. Je voulais enregistrer ce morceau parce qu'il est plus proche de mes racines punks. En même temps, ce n'est pas le style de punk que je jouais lorsque j'étais adolescent. C'est plus « jusqu'au-boutiste » . En composant ce morceau, l'idée était vraiment de pousser les choses plus loin qu'en 77. C'est pour cette raison que les paroles sont aussi « minimalistes ». Et, aussi, un croisement entre Mad Max et Rimbaud.
Il n'y a pas vraiment de message derrière ces paroles. Elles sont si courtes que ça serait difficile. (Rires) Néanmoins, il me semble que les sentiments exprimés créent un message.
Lucky : Je t'ai dit, lors de ma première écoute de ce morceau, que je le trouvais très primordial, viscéral.
Didier : C'était vraiment le but. C'est sans doute la ligne musicale la plus courte que j'ai jamais composée. Parce que, à la base, ce morceau n'a que trois notes. On dit toujours que le rock n' roll et la musique punk n'utilisent que trois accords.
Lucky : Oui !
Didier : Là, on ne peut pas faire plus dépouillé.
Lucky : Certaines des plus grandes mélodies sont basées sur trois accords seulement.
Didier : Bien sûr. C'est incroyable ce qu'il est possible de faire avec trois accords, et une guitare, une basse et une batterie. Depuis les années 50, des tas de gens disent que c'est trop simple, trop primaire, mais c'est fantastique ce qu'on peut faire avec le bon état d'esprit et seulement ces trois notes.
Lucky : C'est vraiment le cas.
Lucky :Le morceau s'appelle ?
Didier : Le morceau s'appelle Les mutants. Si tu veux, je peux te lire les paroles. Elles sont très, très courtes.
Lucky : Bien sûr.
Didier : En anglais, afin que les auditeurs puissent avoir une idée de quoi parle le morceau.
Lucky : Génial.
Didier : C'est parti, donc je vais prendre ma « voix de poète ».
Rires
Didier : C'est tout !
Lucky : Ouaou ! Tu as raison, c'est vraiment direct. Ca va vraiment à l'essentiel, c'est excellent.
Je pense qu'il est temps de passer le morceau, non ?
Didier : C'est parti !
Lucky : D'accord. Didier, ç'a été un vrai plaisir de parler avec toi.
Didier : C'était très agréable.
Lucky : J'espère pouvoir te parler à nouveau très bientôt. Tu reviendras en tant qu'artiste du jour, et nous pourrons discuter à nouveau.
Didier : Sans problème, quand tu veux.
Lucky : Est-ce que tu voudrais dire quelque chose aux auditeurs de SongPlanet pendant que tu es à l'antenne ? L'antenne est à toi.
Didier : Je n'ai rien préparé... J'espère que vous appréciez SongPlanet autant que moi. Et que vous appréciez Lucky, autant que j'ai eu plaisir à discuter avec lui. Continuez à écouter la musique sur Internet, sur SongPlanet, et soutenez les artistes indépendants.
Lucky : Très bien dit.
Didier : A bientôt.
Lucky : A bientôt, Didier.
Et maintenant, le voilà, le tout nouveau morceau de Didier...
Début de Les mutants